De très bonnes raisons de lutter contre l’EAS

EAS : Équipement Agent Seul, qui permet à la SNCF de faire circuler les trains avec, pour seul agent à bord, le conducteur.

  • La SÉCURITÉ

Le nouveau matériel TER Régiolis, comme d’ailleurs d’autres matériels (AGC et X73500), a été conçu pour tenter d’exploiter nos trains avec l’unique présence du conducteur. En préambule, il faut rappeler que les premières responsabilités en matière de sécurité d’une circulation incombent au conducteur. Cependant, pour que la sécurité soit effective, elle ne peut reposer que sur un seul homme. La chaine de sécurité, les boucles de rattrapage, les procédures, la prise en compte de l’environnement extérieur, … commandent obligatoirement l’implication de plusieurs acteurs.

Mais qui est jusqu’à maintenant le premier partenaire, indispensable, pour assister le conducteur dans ses tâches essentielles ?

C’est bien l’Agent du Service Commercial Train (ASCT) qui jusqu’à présent est le premier partenaire sécurité du mécanicien ! Il est là pour intervenir immédiatement et à sa demande en cas d’impossibilité ou de difficulté pour le mécanicien de réaliser certaines opérations de sécurité (protection d’obstacles, secours au mécanicien, avaries de portes, déclenchements de dispositifs de sécurité, etc).

Pourquoi cherche-t-on à tout prix alors à se passer de ce binôme complémentaire en matière de sécurité et compliquer la mise en œuvre de procédures qui sont déjà très complexes voir irréalisables seul ?

Le réel objectif, que tout le monde a bien compris, c’est la réduction du nombre de cheminots quel qu’en soit le prix ou le motif affiché, même mensonger. En ligne de mire pour le patronat : pas seulement quelques économies qui restent à démontrer mais les conditions sociales des cheminots en général qui restent un repère pour de nombreux salariés.

Les incidents et les accidents ferroviaires récents (Brétigny, Denguin, LGV Est, …) sont le fruit de cette politique. Contrairement à ce qu’essaye de nous faire croire la direction, pour elle, le prix de la sécurité des circulations est en fait en coût. Ils veulent le réduire même si des vies humaines sont en jeu

  • La SÛRETÉ

Alors que la France vit une période difficile avec le risque « attentats » et que la dissuasion est une des premières armes de lutte contre ce risque, la présence à bord des trains et les missions « sûreté » particulières des ASCT pourraient être supprimées avec l’EAS. C’est inadmissible et la CGT ne peut pas laisser faire ! Pour la CGT, le service public doit remplir toutes ses missions y compris celles concernant la protection des voyageurs.

La réponse apportée parfois par la direction sur le sujet est de dire que l’ASCT n’est pas un partenaire sûreté (alors qu’il suit  régulièrement un corpus sûreté) et qu’il n’a pas vocation à intervenir dans des situations qui sont du ressort de cet item.

L’ASCT jusqu’à présent est pourtant habilité à relever un grand nombre d’infractions liées à la sûreté en appliquant des méthodes relevant de formations « juridique placement » et il est missionné à bord des trains pour être garant de l’application des mesures Vigipirate. Qui va remplir ces missions prochainement ? Sûrement pas les conducteurs dont le métier principal reste bien la conduite des trains !

Autre élément de la sûreté, celui relevant des incivilités, du risque d’agression ou encore de l’assistance aux personnes. Devons-nous attendre que le personnel de conduite esseulé, ou les voyageurs, soient agressés comme dernièrement un chef d’Escale en gare de Clermont ?

Là encore, la prévention par la présence humaine reste et restera toujours le moyen  le  plus  efficace ! Tout autre dispositif ne peut venir qu’en complément car bien moins efficace comme le 3117 (presque inutilisable dans des situations réelles) ou les caméras vidéos qui ne protègent personne et servent uniquement aux enquêtes a postériori.

L’entreprise est directement responsable pénalement des voyageurs qu’elle transporte que ce soit en matière de sécurité ou de sûreté même si elle voudrait se désengager de ses obligations.

Les suppressions massives de personnel dans les gares donnent encore plus de responsabilités aux ASCT qui sont confrontés beaucoup plus vite aux « problèmes » divers du quotidien. Les supprimer revient à livrer les voyageurs à eux-mêmes, c’est inacceptable !

La CGT est aujourd’hui le syndicat à la pointe pour la défense des intérêts des usagers, du service public SNCF et des cheminots. Les ASCT doivent en prendre conscience et s’engager !

Ce sont les militants de la CGT qui ont engagé toutes les démarches en cours pour lutter contre l’EAS :

  • Refus du projet proposé en DP, CHSCT, CER.
  • Propositions CGT pour lutter vraiment contre la fraude qui reste marginale en Auvergne.
  • Démarches juridiques pour démonter un projet complètement bâclé par certains dirigeants incompétents et même pire : truqué par la direction.

La CGT a proposé aux autres syndicats d’agir de façon unitaire. C’est aux cheminots d’aller voir ces syndicats pour leur demander une unité indispensable sur un tel sujet.

Un projet repoussé en 2013 et 2014 grâce à la CGT et l’unité syndicale peut encore l’être en 2016- 2017. C’est seulement par la lutte des cheminots que cela est possible : tout le monde en a eu la preuve à plusieurs reprises !

L’heure n’est sûrement pas à la résignation : le combat s’engage !

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